Ce texte est à lire ou à interpréter aux joueurs en début de partie











INTRODUCTION


Vous reprenez conscience dans votre cellule, à Marrouques. Vous vous observez, à la dérobée, et l'orgueil vous vient avec la mémoire. Tous, vous portez les marques profondes des Songes visités. Vos yeux surprennent surtout, et leurs regards extrêmes, comme armés, infiniment tendus, infiniment profonds. Vos membres, et leurs gestes acides, vifs et forts, se sont affirmés en grâce et en virilité (ici, si la troupe des héros comportait des femmes, il convient au MJ de leur annoncer un changement: au retour des Songes d'En'Maalk, tous les héros s'éveillent au masculin).


Les geôles semblent désertes. Nul bruit. Joués par les machinations d'un traître, vous avez tué votre propre père. Mais vous avez arraché son pardon du coeur des Enfers. Trois longues années ont passé depuis votre départ dans les Songes d'En'Maalk, une faim mortelle vous mange le ventre et creuse votre poitrine. Et votre fièvre, à cette heure, prend le visage perdu de votre mère, et votre délire vous livre au désir de son nom: Névimandra! Névimandra! Névimandra!


Autour de vous, la pénombre bruisse d'humides frôlements. Les Crapauds du roi, ces énormes bactraciens venimeux, vous sont restés fidèles. Vous faites timidement quelques pas hors de votre cellule abandonnée. Personne. Quelques mètres encore dans la semi-obscurité froide d'un couloir et vous identifiez ce que vous aviez pris pour une gargouille, un Krotsérant, noir comme la tombe, qui vous a suivi hors des Songes d'En'Maalk.


Votre lente progression vous le confirme, la citadelle de Marrouques a subi un assaut violent. Les traces du carnage sont nombreuses; sur les murs, les jets sanglants des artères sectionnées ont séché en de morbides constellations et partout des armes brisées, des tentures lacérées, des meubles éventrés.


Aux battements de votre propre coeur répondent maintenant de lointains clapotements qui semblent monter des caves du Palais et, au détour d'un escalier de pierre, votre oeil a saisi, par une fenêtre donnant sur les jardins, un mouvement brusque... puis deux... puis trois.


Craintifs, vous pénétrez maintenant dans les Salons Royaux et, soudain, une présence se fait sentir, subtile, délicate, légère, comme une promesse enchantée.










Ce troisième volume n'a jamais été édité.

Mais qui sait?...